LA VENTE AUX ENCHÈRES DES MAÎTRES ANCIENS ENTRE LES ÉNIGMES ATTRIBUTIVES ET CERTAINS CHEFS-D'OEUVRE

La qualité éblouissante de l'un des tableaux mis aux enchères dans le cadre de la vente aux enchères de maîtres anciens organisée par la Commission européenne. Bertolami Fine Art le 17 novembre est expliqué par la signature dans la marge inférieure droite de l'œuvre :"P. Batoni pinxit - Romae anno 176...". (Le dernier chiffre n'est pas clairement lisible : 1765 ou 1768 ?).
Ce n'est pas par hasard que cette somptueuse toile, notifiée pour son intérêt historique et artistique pertinent, est donc à attribuer à un grand protagoniste de la peinture du XVIIIe siècle, à savoir Pompeo Batoni qui, au cours de ce siècle, a été avec Canaletto le seul artiste italien à jouir d'une renommée internationale.
En plus d'être un peintre d'art sacré, Batoni était un portraitiste célèbre, ainsi qu'un auteur populaire de sujets mythologiques et allégoriques. L'allégorie est précisément le thème de la splendide toile présentée aux enchères, qui représente La clémence plaidant pour la justice, une œuvre au centre d'une controverse intrigante qui divise les historiens de l'art depuis des années : s'agit-il de la toile du même titre commandée à Batoni par le roi Stanislas II Auguste Poniatowski de Pologne ? Ou est-ce le prototype de celui qui a été perdu ? Ou s'agit-il d'une réplique exécutée immédiatement après la version envoyée à Varsovie ? Ces questions pourraient trouver une réponse si le dernier chiffre de la date figurant sur le tableau pouvait être déchiffré. Mais le mystère reste pour l'instant à résoudre.

NICOLAS TOURNIER
(Montbéliard, 1590 - Toulouse, 1638),
ATTRIBUÉ
Saint Pierre et Saint Paul
Huile sur toile, 96×131 cm

Une autre énigme, cette fois-ci de nature attributive, est le lot 210, une grande et belle toile représentant les figures monumentales en demi-longueur des apôtres Pierre et Paul que Luca Bortolotti, responsable du département des maîtres anciens chez Bertolami Fine Art, inscrit d'office dans la classe des "interrogatifs caravagesques". En somme, il s'agirait d'une de ces œuvres caravagesques qui, bien que remarquables par leur grande qualité d'exécution, peinent à trouver un auteur.
Bortolotti rapproche cette composition majestueuse de la période romaine de Nicolas Tournier, l'un des protagonistes de cette patrouille d'artistes français qui, entre la deuxième et le début de la troisième décennie du XVIIe siècle, ont adhéré à l'idiome caravagesque pendant leur séjour à Rome. La publication du tableau dans le catalogue de la vente aux enchères ouvrira certainement la voie à des études plus approfondies, mais pour l'instant, le halo de mystère dont semble être entourée cette belle œuvre ne fait qu'ajouter à sa fascination.

 

PEINTRE FLOR FLOR FLOR FLOR FLOR FLOR FLOR FLORENTIN DU CERCLE

(Pontorme, 1494 - Florence, 1556)
a) Saint Joseph;
b) Sainte Elisabeth.
Paire de fragments d'un retable perdu représentant

une Sainte Famille avec Sainte Elisabeth et Saint Jean
Huile sur panneau de peuplier, a) 45×34 cm ; b) 45,5×34,5 cm

Qualité admirable également pour le lot 179, deux fragments sur panneau de peuplier constituant les seules pièces restantes d'un retable représentant une Sainte Famille avec les Saints Elisabeth et Jean Baptiste. Prudemment attribués par la maison de vente aux enchères à un" peintre du cercle proche de Jacopo Pontormo", les deux fragments sont au centre d'un puzzle d'attribution aussi passionnant que difficile à résoudre. Ce qui est certain, c'est que la maîtrise du dessin et l'expertise picturale de leur auteur inconnu ne rendraient pas scandaleuse leur juxtaposition avec Pontormo lui-même.

OTTAVIO VANNINI
(Florence, 1585 - 1643)

Sainte Marie d'Égypte emmenée au ciel par des anges en présence du moine Zosime
Huile sur toile, 175,5×88 cm

En revanche, l'attribution au Florentin Ottavio Vannini d'une"Sainte Marie d'Égypte emmenée au ciel par des anges" (lot 209) est très certaine et représente l'une des œuvres les plus intéressantes parmi celles proposées à la vente.
Artiste majeur de la peinture florentine du XVIIe siècle, Vannini est rarement présent sur le marché, surtout avec des œuvres d'une telle qualité. On peut en effet parler de qualité muséale à propos de cette huile sur toile d'un grand raffinement, certainement l'un des chefs-d'œuvre de l'auteur, ainsi qu'une œuvre exemplaire de ses meilleures qualités : sûreté du dessin, élégance de la composition, vivacité des couleurs, douceur inégalée des tons chair.

MICHELANGELO CERQUOZZI
(Rome, 1602 - 1660), ATTRIBUÉ

Nature morte avec des raisins, des courges, des pêches, des figues et des mûres dans un paysage
Huile sur toile, 95x67cm

RYTHME MICHELANGELO DU CAPITAL
(Rome, 1610 - 1670)

Nature morte de citrouilles, grenades, raisins, figues et pêches
Huile sur toile, 84,5×120 cm

La présence dans le catalogue de deux natures mortes remarquables, l'une (lot 208) attribuée à Michelangelo Cerquozzi, l'autre à Michelangelo Pace del Campidoglio (lot 199), permet une comparaison éclairante entre le style qui, dans l'aire romaine, caractérise ce genre pictural fortuné immédiatement avant et immédiatement après la moitié du XVIe siècle. Si, en effet, la composition de Cerquozzi sur les citrouilles et les fruits ressemble encore à un naturalisme de la matrice du Caravage, dans le développement proposé par l'autre Michel-Ange, le même sujet apparaît désormais totalement baroque dans ses spectaculaires contrastes lumineux et chromatiques.

LEONARDO COCCORANTE
(Naples, 1680 - 1750)

Capriccio côtier avec ruines, pont, personnages et forteresse en arrière-plan
Huile sur toile, 128×75 cm

Parmi les plus de trois cents lots du catalogue, de qualité moyenne, plus d'une surprise attend les amateurs de peinture de paysage. Nous soulignons ici un beau capriccio d'atmosphère vespertine signé par le Napolitain Leonardo Coccorante, grand spécialiste du genre des paysages avec des ruines architecturales imaginaires, et une œuvre inédite de Jakob Philipp Hackert , qui vient enrichir le catalogue des paysages "purs" exécutés par Hackert dans sa période de maturité, vraisemblablement entre la dernière décennie du XVIIIe et les premières années du XIXe siècle.

 

JAKOB PHILIPP HACKERT
(Prenzlau, 1737 - San Pietro di Careggi, 1807)
Paysage boisé avec berger et troupeaux,
chute d'eau, ruisseau et arche rocheuse en arrière-plan
Huile sur toile, 62,5×76 cm

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Cet article a été publié avec l'aimable autorisation du magazine ArtsLife.

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